Le Gouvernement veut donner aux hôpitaux de proximité des missions partagées avec la médecine de ville

15 Mars 2019: Le Gouvernement veut donner aux hôpitaux de proximité des missions partagées avec la médecine de ville

Le Gouvernement a déjà posé neuf amendements à son propre projet de loi Santé. L’un d’entre eux concerne les hôpitaux de proximité. Ce qui a au moins le mérite d’éclairer les députés sur la suite qui sera donnée à l’ordonnance que le Gouvernement veut prendre à ce sujet. Les hôpitaux de proximité « assurent le premier niveau de la gradation des soins hospitaliers » et orientent les patients « conformément au principe de pertinence des soins » vers les établissements de « recours et de référence, ou vers les autres structures adaptées à leurs besoins/nbsp]». Ils exercent obligatoirement une activité de médecine, proposent des consultations de diverses spécialités, disposent de plateaux d’imagerie et de biologie médicale. Mais ils n’exercent aucune activité de chirurgie ou d’obstétrique.

La nouvelle version du texte évoque des missions assurées « dans le cadre d’une responsabilité territoriale et d’un exercice partagé avec les structures et professionnels de la médecine ambulatoire ». Dans l’esprit de leurs concepteurs, ils sont « un trait d’union entre la médecine de ville et le milieu hospitalier ». Leurs missions sont assurées en coopération avec les acteurs de santé et médico-sociaux du territoire. L’organisation de ces missions partagées sera traduite dans le projet des communautés professionnelles territoriales de santé.

Tout ceci, sur le papier, peut satisfaire l’administration, mais promet une perte de temps à caler une « organisation » qui risque de désorganiser l’existant.

L’hôpital de proximité, « cheval de Troie pour contrôler les médecins libéraux » ?

S’il semble favorable à de nombreuses mesures de la loi Santé, l’économiste Frédéric Bizard, président de l’Institut Santé, juge sévèrement celle qui concerne les hôpitaux « de proximité ». Il désapprouve notamment le fait de les contraindre à adhérer à un groupement hospitalier de territoire. « On va recentrer les soins primaires sur l’hôpital, y compris la gestion des maladies chroniques, la prévention, l’éducation thérapeutique, analyse-t-il. C’est totalement improductif. Même les hospitaliers savent qu’il faut sortir de l’hospitalo-centrisme, qui n’est pas efficient, qui décourage les bonnes volontés et nuit à l’attractivité des carrières… » Et de poursuivre : « Qui voudra travailler dans ces structures si elles n’ont pas d’autonomie ? » Pour conclure : « On est en train de faire de l’hôpital de proximité le cheval de Troie de la technostructure hospitalière pour contrôler les médecins libéraux ». Et c’est un économiste qui le dit.


  

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