Éléments de réflexion dans la perspective des élections européennes

24 Mai 2019: Éléments de réflexion dans la perspective des élections européennes

Les Français et les Allemands satisfaits de leur système de santé, les Polonais et les Grecs beaucoup moins

Si l’on en croit l’enquête réalisée par Harris Interactive dans sept pays européens pour la Mutualité française, l’opinion des Européens sur leur protection sociale est très contrastée. Une fois n’est pas coutume, ce sont les Français qui se déclarent plutôt satisfaits. 85 % d’entre eux se sentent bien protégés par leur système de santé national. Les Allemands, eux-aussi, se sentent bien protégés ainsi que les Suédois (respectivement 83 % et 73 %). Tel n’est pas le cas des Polonais et des Grecs puisque seuls respectivement 35 % et 27 % se sentent bien couverts.

Les Italiens, les Français et les Allemands font plutôt confiance à leur pays pour intervenir afin d’améliorer le système de santé (respectivement 59 %, 56 % et 55 %). Les Grecs, les Polonais et les Portugais ne partagent pas cette confiance (seuls respectivement 24 %, 30 % et 42 % le partagent).

Plus les pays sont riches et protecteurs, moins ils font confiance à l’Union européenne pour améliorer le système de santé. Dit autrement, les Français, les Allemands, les Suédois sont très attachés au pilotage indépendant de leur système de santé. À l’inverse, les Polonais, les Portugais et les Grecs verraient plutôt d’un bon œil que l’Union se mêle de leurs affaires en matière de santé.

Les Européens ont un point commun : ils accordent à la santé environnementale une grande importance et, pour le coup, 83 % d’entre eux souhaiteraient une politique commune en la matière. Cette belle unanimité se lézarde dès qu’il s’agit de la protection sociale. Ainsi, 65 % des Portugais réclament une procédure d’harmonisation des droits sociaux contre 31 % des Suédois et 43 % des Français.

L’unanimité se reforme autour de la protection des données personnelles. Les Européens y tiennent et, s’ils estiment à 75 % que la collecte des données de santé est nécessaire pour améliorer la qualité des soins, les deux tiers environ s’inquiètent de l’exploitation de ces données. Enfin, c’est au médecin, et de loin, en qui ils font le plus confiance pour préserver leurs données personnelles. Tandis qu’ils sont plus réticents à partager leurs données avec les pouvoirs publics, les autorités européennes ou les entreprises privées.

En résumé, les Européens sont attachés aux valeurs de la vieille Europe et ne sont pas forcément prêts à les brader pour une poignée de lentilles.

 

La santé en Europe vue par les candidats français aux Européennes

La Mutualité française avait invité les têtes de listes aux élections européennes à s’exprimer sur les enjeux sanitaires lors d’un « grand oral » organisé en partenariat avec Public Sénat et Courrier international. Voici les points saillants des réponses des principaux candidats.

Nathalie Loiseau (La République en Marche) : L’Europe doit aussi être une Europe qui protège la santé des Européens. « De ce point de vue-là, il nous reste beaucoup à faire », estime-t-elle, affirmant que son parti a été à l’avant-garde en demandant la fin du glyphosate en trois ans. « Nous voulons aussi diviser par deux l’usage des pesticides d’ici 2025 et nous voulons financer la recherche » pour sortir de ces produits chimiques. Elle se prononce aussi pour la création « d’une force de protection sanitaire européenne », ayant capacité d’intervention en cas de fraude.

François-Xavier Bellamy (Les Républicains) : Il appelle à faire des maladies neuro-dégénératives « une grande cause européenne ». Il se dit favorable à l’harmonisation de la vaccination ». En revanche, il estime qu’en matière de santé publique sur l’alcool et le tabac, seuls les parlements et gouvernements nationaux sont responsables devant les citoyens. Il plaide pour une harmonisation des interdictions des pesticides et la création « d’une barrière écologique, qui permettrait d’appliquer nos standards écologiques aux produits que nous importons ».

Raphaël Glucksmann (Place Publique et PS) : Il se prononce pour la création d’une cinquième branche de la Sécurité sociale pour financer la dépendance. Il dénonce la tarification à l’activité qui induit « une logique de rentabilité permanente ».

Jordan Bardella (Rassemblement national) : Il se prononce contre une harmonisation des diplômes, et estime que l’enseignement doit rester de la compétence des états. Il souhaite lui aussi la création d’une cinquième branche de la Sécurité sociale. La Nation doit protéger les données numériques personnelles.

Jean-Christophe Lagarde (UDI) : Il estime au contraire que l’harmonisation des diplômes est un progrès. Il défend « un droit de protection des données à l’échelle européenne. Il reconnaît une pleine légitimité à l’Europe en matière de santé environnementale. Il se déclare en faveur de la légalisation du cannabis pour casser la délinquance qui profite de son interdiction. Il appelle à la constitution « d’un Airbus du médicament » pour ne pas dépendre des puissances étrangères.

Yan Brossat (PC) partage cette idée, mais pour dénoncer l’industrie pharmaceutique qui s’accapare les innovations.

Yannick Jadot (Les Verts) vante la crédibilité de sa liste en matière de défense de la santé environnementale. Il se déclare favorable à une harmonisation européenne des calendriers vaccinaux.

Nicolas Dupont-Aignan (DLF) estime que les questions de santé doivent revenir à l’État. Il défend une « Europe à géométrie variable ». Aussi plaide-t-il pour une agence publique de recherche réunissant cinq ou six pays pour travailler sur des questions comme le cancer, la maladie d’Alzheimer, les maladies rares…

Manon Aubry (LCI) défend l’interdiction immédiate du glyphosate. Elle développe l’accompagnement des personnes âgées, demandant la création « d’un service public de soins aux personnes âgées » avec davantage de personnels dans les structures d’accueil.


  

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