Homéopathie : rétablir certaines vérités

24 Mai 2019: Homéopathie : rétablir certaines vérités

Suite à une fuite dans la presse d’un projet d’avis de la Haute Autorité de santé sur le déremboursement de l’homéopathie, les laboratoires Boiron étaient amenés, la semaine dernière, à suspendre leur cotation en bourse.

Cette fuite est d’autant plus surprenante que la procédure d’évaluation devait se dérouler de façon confidentielle pour ménager un climat serein et sans aucune pression. Comme le fait remarquer le Dr Charles Benz, président du Syndicat national des médecins homéopathes français (SNMHF), « tout semble orchestré pour que la décision de déremboursement soit prise après un simulacre d’évaluation ».

En principe, la HAS doit rendre son avis en juin. Une fois l’avis rendu, les laboratoires concernés auront 10 jours pour faire valoir leurs arguments ou demander à être entendus, et la commission de transparence de la HAS disposera de 45 jours pour faire suite à ces demandes.

L’homéopathie dispose d’arguments sérieux. D’une part, 72 % des Français « croient en ses bienfaits ». D’autre part, en 2017, son remboursement a représenté pour l’Assurance maladie une dépense de 129,6 millions d’euros sur un total de 19,9 milliards d’euros pour l’ensemble des médicaments remboursés. Enfin, des reports de prescription sur des médicaments plus onéreux et plus agressifs sont à prévoir. C’est ce qu’a fait valoir en son temps Xavier Bertrand, alors ministre de la Santé, et qu’il continue à faire valoir.

Une cinquantaine de députés, dont des élus LREM, ont écrit à la ministre de la Santé, la mettant en garde contre un déremboursement : « Les conséquences de cette décision ne seraient pas uniquement médicales, mais également sociales, industrielles et financières ». Si les laboratoires concernés risquent de voir leur activité baisser (et l’emploi menacé), l’État, lui, ferait une assez bonne affaire puisque, du coup, la TVA de ces médicaments, une fois déremboursés, passerait de 2,1 % à 10 %. Les patients seraient pénalisés, puisque, déremboursés par le régime général, ils risquent de l’être aussi par les complémentaires santé. Sans compter que les prix de ces médicaments augmenteraient.

Des économies de bout de chandelle risquent de griller tout un pan de l’économie, et les salariés des laboratoires concernés n’ont pas non plus envie de servir de fusibles. L’ancien ministre de l’Intérieur, actuel maire de Lyon, Gérard Collomb, et Laurent Wauquiez, président de la région Auvergne Rhône-Alpes ont fait savoir leurs craintes pour le maintien des emplois de ce secteur.

Ultimes alliés de l’homéopathie, les pharmaciens, dont la rémunération désormais liée à des honoraires de dispensation serait affectée en cas de déremboursement.

Le SML rappelle qu’il est aux côtés des homéopathes dans ce combat et ne ménage pas ses efforts pour faire valoir ses arguments auprès des pouvoirs publics.


  

Retourner en haut