Bercy met un pied dans les « déserts médicaux »

25 Octobre 2019: Bercy met un pied dans les « déserts médicaux »

Dans le numéro 247 de « Trésor-éco », Bercy se penche sur « les déserts médicaux » et propose un certain nombre de mesures pour y remédier. La première de ces mesures consisterait à suspendre l’accès à certaines zones particulièrement sur-dotées en médecine. L’installation d’un nouveau médecin pourrait être subordonnée à la cessation d’activité d’un médecin déjà installé. Bercy souligne que cette disposition serait « temporaire », le temps de « franchir la période durant laquelle la suppression du numerus clausus ne produira pas d’offre nouvelle ». « Cette mesure ne pourrait être mise en place que de façon progressive et en étroite concertation avec les médecins afin de ne pas risquer d’affecter l’attractivité de l’exercice libéral ».

La deuxième mesure consisterait à rehausser le nombre de places d’internat « dans les spécialités les plus attractives au sein des régions ayant davantage de difficultés à attirer les nouveaux internes ». Il y aurait une redistribution de ces postes vers des régions moins attractives. Cette idée repose sur le constat que nombre d’étudiants s’installent de préférence dans la région où ils ont été formés.

Enfin, troisième mesure : donner aux meilleurs des étudiants en médecine recalés une seconde chance de poursuivre leur formation médicale, « sous réserve, à la fin de leurs études, de s’engager à exercer pour une durée déterminée dans une zone sous-dense ».

Certes, les mesures préconisées par le ministère de l’Économie et des Finances sont certes plus « soft » que celles de la Cour des comptes. Néanmoins, on s’étonne de l’intrusion de Bercy dans la gestion des dossiers de la profession, fût-elle « discrète » et « temporaire ». Le « temporaire » pourrait vite se transformer en habitude.

Ce qu’en pense le SML :

Ce que dit le Trésor n’est pas nouveau, mais de quoi se mêle donc Bercy ? Qui est le patron en matière de gestion de la démographie ? Le SML dénie aux comptables du ministère des Finances la légitimité de le faire. Ou alors, nous avons basculé dans un autre système de santé !

La coercition, même temporaire et ciblée, pas question ! L’augmentation ciblée des places d’internat est en train de se mettre en place. Pour ce qui concerne le repêchage des meilleurs des étudiants en médecine recalés, c’est une bonne idée. Mais leur imposer, en contrepartie, d’exercer 10/nbsp]ans dans une zone sous-dotée est peut-être un peu long au regard des trajectoires de vie personnelles de ces jeunes médecins.


  

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