Édito du Président | Trop beau pour être vrai

08 Novembre 2019: Édito du Président | Trop beau pour être vrai

Les syndicats médicaux ont eu une nouvelle réunion de travail avec le haut-commissaire à la réforme des retraites. Cette fois-ci, comme nous le lui demandions depuis des semaines, il nous a présenté des simulations chiffrées permettant de visualiser les effets de l’intégration des médecins libéraux dans le futur régime unique. Et, comme par miracle, grâce à un mécano subtil, la réforme ne serait pas si dévastatrice que les spécialistes du sujet nous l’avaient prédit. C’est tellement beau… que cela en est suspect et interroge.

Les scenarii qui nous ont été proposés reposent, en gros, sur une idée « simple » : ce que l’on nous prend d’un côté avec la réforme nous serait rendu de l’autre sous la forme d’exonérations de cotisations, et notamment d’un allègement de la CSG.

Ce qui freine notre enthousiasme et, à vrai dire, éveille notre méfiance c’est, d’une part, la fragilité d’un tel édifice et, d’autre part, sa soutenabilité financière.

Les mesures d’exonération ou d’allègement de charges ne sont pas éternelles. Elles sont rediscutées chaque année au moment de l’élaboration du budget de la Sécu et, lorsqu’un gouvernement cherche des recettes pour équilibrer des comptes, nous savons tous où il va les chercher. Exit les allègements. Rien ne peut garantir que les engagements du Gouvernement d’aujourd’hui seront poursuivis par celui qui viendra après lui, et encore moins en cas de revirement de majorité.

Ensuite, se pose une autre question : comment les allègements promis vont-ils être compensés ? Et par qui ? La non-compensation des mesures en faveur des Gilets jaunes a compromis le retour à l’équilibre de la Sécu en 2020.

Alors, comment croire aveuglément que le Gouvernement va laisser couler à nouveau, et à grands flots, le déficit de la Sécu pour rendre indolore sa réforme des retraites aux médecins libéraux, et à l’ensemble des professions libérales ?

Ces doutes teintent d’une nuance de suspicion les trop reluisantes simulations du haut-commissaire. C’est pourquoi, le SML se montre méfiant et ne crie pas victoire.

Le syndicat va vérifier les chiffres, et surtout demander au Gouvernement comment celui-ci peut garantir la viabilité de ce qu’il propose dans la durée. Sa réponse, qui ne manquera pas de mobiliser plusieurs ministères dont celui des Finances, fera peut-être date dans l’histoire. En tout cas, M. Delevoye devrait savoir que, face à des médecins, faire passer des vessies pour des lanternes est une démarche qui risque de ne pas passer inaperçue.

 

Dr Philippe Vermesch

Président du SML


  

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