Malgré la promesse du chef de l’État, les masques parvenaient aux médecins libéraux hier encore au compte-gouttes, même dans les départements les plus touchés où les médecins libéraux avaient obtenu à peine une quinzaine de masques chacun. Largement insuffisant. Ce n’est pourtant pas faute d’avoir alerté le Gouvernement.
C’est en réalité un rationnement qui se met en place puisque, dans les zones où l’épidémie est la plus virulente, l’Assurance maladie a donné consigne aux pharmaciens de distribuer aux médecins généralistes et spécialistes 18 masques par semaine et par professionnel, chirurgicaux ou aux normes FFP2 selon les indications et les disponibilités. Tandis que, sur le reste du territoire national, seuls les généralistes pourront recevoir des masques chirurgicaux simples.
Le SML dénonce cette situation qui traduit un important décalage entre les annonces et la réalité. Ce qui est en train de s’opérer est l’organisation d’un rationnement pur et simple. D’ailleurs, le SML, qui agit de manière incessante auprès du Gouvernement, a posé la question de la réalité de ce prétendu stock de l’État. La réponse ne s’est pas faite attendre car, dès mercredi soir, la ministre des Armées sortait 5 millions de masques de son képi. Un premier avion chinois de matériel médical est également arrivé mercredi avec, dans sa cargaison, 1 million de masques. Un second avion est attendu avant le week-end. Enfin, l’industrie textile a été mobilisée et les productions sont réorientées sur la fabrication de masques.
Personne à ce stade n’a de vision claire sur l’état réel du stock et de la prévision de production de masques. Avec les autres syndicats de professionnels de santé et la FHP, le SML a exigé davantage de transparence. D’autant que la tension commence à monter sur le terrain : des vols et des agressions commencent à se produire.
Les mairies et les entreprises qui détiennent des masques commencent à les apporter aux professionnels, et les professionnels de santé dont l’activité est à l’arrêt offrent leurs masques aux médecins et aux infirmières.
Dans ce contexte de pénurie inacceptable, où le mauvais a été donné par les pouvoirs publics aux pharmaciens, le SML appelle l’ensemble des professionnels de santé à la solidarité.
Enfin, bien que les spécialistes soient pleinement mobilisés, le fait qu’ils n’aient pas accès aux masques FFP2 est un réel problème qui risque de conduire ceux qui assurent des actes invasifs à se retirer à titre de précaution. Pour ces derniers, le SML a réclamé des masques et un déverrouillage de la téléconsultation.