Relance de l'activité médicale en ville : les 6 propositions du SML

28 Avril 2020: Relance de l'activité médicale en ville : les 6 propositions du SML

Malakoff, le 28 avril 2020 │Sans attendre, les médecins libéraux, toutes spécialités confondues, doivent reprendre leur activité de manière à permettre à tous les patients de se soigner à nouveau. L’activité libérale a été empêchée par l’imprévoyance de l’État, incapable de délivrer des équipements de protection individuelle en quantité et qualité suffisantes. Le Syndicat des médecins libéraux, premier syndicat polycatégoriel, estime que l’importance des enjeux de santé publique auxquels il convient de faire désormais face avec le déconfinement impose la mobilisation des médecins libéraux. C’est pourquoi le SML a élaboré un plan de relance de la médecine de ville.

Mesure 1 : Équiper tous les médecins libéraux en EPI

Pour être en mesure de relancer leur activité, tous les médecins libéraux doivent être équipés dès maintenant en :

  • masques FFP2,
  • masques chirurgicaux,
  • gel hydroalcoolique,
  • surblouses,
  • gants,
  • charlottes,
  • lunettes de protection et visières,

en quantité suffisante pour eux-mêmes et leurs collaborateurs. Selon le Gouvernement, les masques, notamment FFP2, sont disponibles en quantité suffisante. Ils ne doivent plus être uniquement réservés aux hôpitaux publics, mais partagés avec les médecins de ville.

Le SML estime que les ARS et les collectivités locales (mairies, départements et régions) qui disposent de stocks de matériels doivent contribuer à l’approvisionnement des médecins libéraux. Les URPS qui le peuvent doivent également pourvoir contribuer à l’effort d’approvisionnement des médecins libéraux.

La mise à disposition d’EPI constitue un préalable incontournable pour la relance des activités médicales en ville. De la même manière, les médecins libéraux et leurs collaborateurs devront pouvoir accéder aux tests et au dépistage de manière prioritaire. Pour cela, un dispositif d’accueil coupe-file devra être mis en place.

Mesure 2 : Adapter la convention médicale

Exercer avec la présence du virus implique des contraintes conséquentes qui ont profondément et durablement modifié l’exercice. D’une part, le coût de la pratique sera majoré par l’achat des EPI et, d’autre part, la réalisation des actes sera ralentie afin d’appliquer les différentes consignes sanitaires.

C’est pourquoi le SML propose de revoir la convention médicale afin de :

  • Prévoir une revalorisation du coût de la pratique ;
  • Développer les téléconsultations et les consultations par téléphone pour les risques de contamination ;
  • D’inscrire les médecins libéraux dans le dépistage ;
  • De permettre des remontées chiffrées du nombre de patients Covid pris en charge dans les cabinets de ville.

Mesure 3 : Relancer l’activité médicale organisée en ville

La reprise des activités en ville doit être organisée de manière à permettre un accès aux soins le plus large possible.

Pour les patients fragiles, en ALD ou atteints de maladies chroniques, plusieurs actions doivent être engagées :

  • Le renouvellement automatique des ordonnances par les pharmaciens, mis en place provisoirement dans le cadre de l’état d’urgence sanitaire, doit prendre fin au plus vite dans le but de pousser les patients à revenir vers leur médecin traitant.
  • L’Assurance maladie et le médecin traitant doivent pouvoir adresser des messages à ces patients afin de les inviter à prendre rendez-vous avec leur médecin traitant.
  • Pour chaque patient est proposée une consultation longue post-confinement au cabinet du médecin cotée en consultation complexe ou, si le patient ne peut se déplacer, une visite longue post-confinement. Cette consultation ou visite permet d’établir un bilan de la situation du patient et de mettre en œuvre un plan de soins.
  • En relais de la consultation (ou visite) en tant que de besoin : une téléconsultation pour suivi et renouvellement/ajustement du traitement est proposée ainsi que des réorientations vers les spécialistes.

Pour le cas des patients atteints de Covid :

  • Assurer les retours à domicile après l’hospitalisation est une priorité : les médecins de ville, en relais avec les infirmiers, kinés et orthophonistes libéraux ainsi que les pharmaciens, doivent assurer les prises en charge en sortie d’hospitalisation. Dans le cas où un dispositif de retour à domicile de type « Prado Covid » serait mis en œuvre, le médecin traitant doit rester le pilote du parcours de soins du patient. Cela impose que les hôpitaux puissent avertir les médecins traitants des sorties d’hospitalisation et qu’ils partagent les informations médicales.
  • Pour les patients détectés Covid positifs et ayant des symptômes, leur prise en charge doit continuer à s’effectuer dans le cadre des protocoles. Les téléconsultations et consultations par téléphone devront pouvoir être poursuivies au-delà du déconfinement.
  • Les patients Covid et leurs contacts placés en quatorzaine dans des hôtels doivent être suivis par des médecins libéraux et non par l’hôpital, qui doit se concentrer sur d’autres missions.
  • Les majorations décidées la CNAM pour inscrire un patient positif dans « Contact Covid » et contact tracing vont dans le bon sens pour replacer le médecin traitant au cœur du parcours de soins.

Pour tous les autres patients : les soins doivent reprendre dans des conditions sécurisées, sur rendez-vous, avec une organisation des flux de patients.

Mesure 4 : Relancer le parcours de soins

Le parcours de soins doit être replacé au cœur de la prise en charge des patients, et le rôle du médecin traitant, que celui-ci soit généraliste ou spécialiste, doit être réaffirmé pour organiser les prises en charge. Plus que jamais, dans le contexte actuel, le médecin traitant doit être le pilote du parcours quelle que soit la situation du patient et notamment en sortie d’hospitalisation.

Les médecins généralistes libéraux, après avoir procédé à l’évaluation des patients, sont appelés à réactiver leurs réseaux d’adressage en ville afin de favoriser l’orientation vers des spécialistes libéraux et de mobiliser les autres professionnels de santé libéraux, en particulier paramédicaux. La coordination libérale des soins est indispensable.

Les outils numériques de la télémédecine, télé-expertise, les messageries sécurisées sont indispensables à cette étape.

Le dépistage du Covid et la prévention devront s’inscrire dans cette dynamique.

Lorsque les tests de dépistage rapides seront fiables et disponibles, les médecins libéraux devront pouvoir être en mesure de les proposer à leurs patients au cours d’une consultation ou d’une visite.

Mesure 5 : Relancer l’activité chirurgicale

Dans le cadre du plan blanc, plus de 100 000 interventions chirurgicales ont été déprogrammées dans les cliniques privées sur l’ensemble du territoire national afin de libérer des lits de soins critiques et de réanimation.

La reprise de l’activité chirurgicale dans les cliniques est indispensable, ne serait-ce que pour soulager les hôpitaux. Celle-ci doit s’organiser selon des critères de sécurité médicale en lien avec les CME et les praticiens. Et à ce titre, le rôle des ARS ne doit pas être d’empêcher, mais de faciliter. Le SML propose :

  • que toutes les cliniques redémarrent sans tarder les actes de chirurgie ambulatoire effectués sous anesthésie locale ou locorégionale. Dans le cadre de la pénurie actuelle de produits d’anesthésie et de réanimation, la reprise de ce type d’actes est non seulement possible, mais aussi nécessaire, pour répondre aux besoins de nombreux patients ;
  • que tous les patients qui ont été déprogrammés soient recontactés par les équipes de soins des cliniques privées pour évaluation et reprogrammation des consultations préparatoires à l’intervention.

Par ailleurs, le SML réclame que les établissements puissent avoir accès aux médicaments, notamment d’anesthésie et de réanimation, afin de pouvoir assurer la reprise de leur activité. Leur mise à disposition devra se faire par les circuits habituels d’approvisionnement des établissements.

Mesure 6 : Consolider financièrement les cabinets empêchés d’exercer

L’activité des médecins libéraux en cabinet comme en établissement, toutes spécialités confondues, a été empêchée. En cause, le manque d’EPI, les mauvais messages adressés par le Gouvernement sur la mise en œuvre du confinement, et aussi par la crainte des patients d’être contaminés. Un recul de l’activité de l’ordre de 40 % pour les médecins généralistes, et qui peut aller de 70 à 100 % pour les autres spécialités, a été constaté.

Il ne doit pas y avoir d’iniquité entre les soins de ville et l’hôpital. Le dispositif de soutien de l’Assurance maladie, qui doit permettre aux médecins libéraux de faire face à leurs charges, reste insuffisant. La perte d’activité doit être financée par les pouvoirs publics et les assureurs dans le cadre des garanties pour perte d’activité. Ces mécanismes d’aide doivent concerner l’ensemble des médecins libéraux, quel que soit leur secteur d’exercice, 1, 2 ou Optam.

Le SML estime urgent que les médecins libéraux reprennent toute leur place dans le système de soins. Une réorganisation du système de santé sera nécessaire, et il conviendra de l’aborder en temps utile. Pour l’instant, l’unique préoccupation des médecins libéraux et du SML est de pouvoir accueillir les patients pour tous leurs soins, dans tous les territoires, dans le respect des consignes de sécurité sanitaire qu’impose la circulation du Covid-19.

Contact presse : Sylvie FONTLUPT - Tél; 06 72 82 42 18
A propos du SML

Fondé en 1981, le Syndicat des Médecins Libéraux (SML) est un syndicat polycatégoriel représentatif de tous les médecins quel que soit leur secteur d’activité. Il assure la représentation et la défense de tous les types d’exercices libéraux, de toutes les spécialités et de toutes les formes d’expertises. Le SML axe son action sur la défense des piliers de l’exercice libéral du médecin que sont l’indépendance, la liberté d’installation, la liberté de prescription et le paiement direct à l’acte dans le cadre d’une valorisation juste des honoraires médicaux. Il promeut une approche pragmatique, adaptée aux réalités du terrain pour répondre aux évolutions des besoins de soins. Il est pionnier dans la promotion de la prévention, de la télémédecine et de la E-santé. Force de propositions, il participe activement au dialogue avec les Pouvoirs publics et l’Assurance-maladie. Le SML est représenté dans toutes les régions et possède des élus dans chacun des trois collèges composant les URPS de médecins libéraux.

Le SML est présidé depuis décembre 2016 par le Dr. Philippe Vermesch.

En savoir plus : www.lesml.org

Retrouvez le SML sur Twitter @LE_SML


  

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