Ségur de la Santé : un changement de rythme, pas de cap

29 Mai 2020: Ségur de la Santé : un changement de rythme, pas de cap

Lors du lancement du « Ségur de la santé », le Premier ministre en a évoqué les enjeux. Le premier de ceux-ci concerne la rémunération des soignants et les évolutions de carrière. La nécessité de « montrer notre reconnaissance aux soignants… se traduira dans les rémunérations », a promis Édouard Philippe, assurant que la « revalorisation sera conséquente », tout comme le sera « l’augmentation de l’Ondam dans les années à venir ». S’il veut favoriser les déroulés de carrière et lever les contraintes de toutes natures, pour lui « la question du temps de travail n’est pas taboue ». Quant aux statuts des médecins hospitaliers il faut les « débloquer ».

Revenant sur les différentes mesures adoptées précédemment pour l’hôpital, le Premier ministre a annoncé « qu’il faut aller plus loin » et « qu’un vaste plan d’aide à l’investissement viendra compléter cette reprise massive de la dette ». Une partie sera consacrée « aux investissements au niveau des territoires pour accélérer les coopérations entre la ville, l’hôpital, le médico-social » ainsi « qu’entre le public et le privé ».

Le troisième enjeu consiste à « lever les freins à la réforme du système de santé ». Le quatrième vise à « bâtir une nouvelle organisation du système de santé dans chaque territoire, intégrant l’hôpital, la médecine de ville et le médico-social », mentionnant la dynamique mise en place par le déploiement des communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS). Enfin, le cinquième enjeu tourne autour du numérique.

Pour Édouard Philippe, la crise de l’hôpital exige « très certainement de changer de rythme », mais « pas nécessairement de cap ».

Ce qu’en pense le SML

Le SML considère qu’une réforme profonde du système de santé est nécessaire, mais elle ne pourra produire du sens que si elle est assortie d’une refonte du financement de celui-ci. Le système de financement actuel et l’Ondam ont montré leurs limites. Il est temps de penser autrement, en donnant des perspectives à l’ensemble des soignants, hospitaliers comme libéraux.

Les grands axes de la réforme annoncée restent encore très centrés sur l’hôpital et très étatiques. La réhabilitation d’un système de santé plus performant passe par le renforcement de la médecine libérale qui apporte souplesse et fluidité.

Les propositions du SML

Le SML rappelle les différentes propositions qu’il avait avancées sur l’organisation des soins et l’hôpital pour permettre à tous les acteurs de jouer leur rôle, tout leur rôle, rien que leur rôle. Trois niveaux de prise en charge doivent être distingués :

- Un premier niveau avec la médecine générale de ville, les MEP, les spécialistes cliniques en accès direct en coordination avec les autres professionnels de santé libéraux.

- Un deuxième niveau avec les spécialistes cliniques et techniques de ville ou en établissement avec adressage.

- Enfin, un troisième niveau avec l’hospitalisation, qui doit se recentrer sur son cœur de mission.

Ceci implique un fléchage des moyens prenant en compte le déport vers la ville d’actes autrefois réalisés en structure hospitalière. La réduction des dépenses hospitalières – ou, si l’on préfère, le bon usage des moyens attribués à l’hôpital – implique que l’accès à l’hôpital soit régulé, que les urgences non vitales et la continuité des soins soient assurées par des maisons médicales comportant des plateaux techniques. Les hospitalisations directes dans un service doivent pouvoir être possibles après un échange entre praticiens libéral et hospitalier.

En ce qui concerne l’hospitalisation privée, la CME doit être partie prenante et signataire des contrats d’objectifs et de moyens conclus entre l’établissement de santé et l’ARS. La permanence des soins en établissement de santé doit être reconnue, tout comme doivent être valorisées toutes les activités transversales de l’établissement.

L’organisation territoriale doit être simple, cohérente et intelligible. Les arbitrages de l’ARS doivent être transparents.

Il faut cesser de vouloir transposer à la France des modèles inspirés de l’étranger.

Enfin et surtout, la prévention doit être au cœur du système de soins. Voilà des années que le SML milite en sa faveur et est persuadé que des retours sur investissement sont à en attendre. Le SML a réclamé et obtenu la mise en place de consultations longues de prévention obligatoires à des âges clefs, la reconnaissance de consultations complexes. Il faut aller plus loin. Il faut rémunérer deux consultations longues faisant suite à un dépistage précoce, permettant de mettre en œuvre et d’organiser rapidement le diagnostic, puis d’élaborer dans un second temps un plan de soins.

La crise sanitaire que la France a traversée a mis en avant la capacité des médecins libéraux à s’organiser, la nécessité d’une coopération étroite entre la ville et l’hôpital ; et entre les professionnels de santé libéraux. Elle a permis de constater qu’en cas de coup dur chacun savait jouer son rôle. Une refondation du système est donc possible en ce sens.


  

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