Retour sur la gestion de la crise : les pompiers furieux du numéro d’appel unique

10 Juillet 2020: Retour sur la gestion de la crise : les pompiers furieux du numéro d’appel unique

Dans son retour d’expérience, la Fédération nationale des sapeurs-pompiers (FNSP) critique vertement la gestion de la pandémie par les autorités, regrettant leur sous-emploi et une absence de prise en compte de leurs capacités opérationnelles. « Nous sommes rompus à la gestion de tous les évènements… À chaque fois, on s’adapte, et là, le mot d’ordre c’était tout sauf les pompiers. » À l’évidence, c’est cette capacité d’adaptation qui a manqué à tous les échelons administratifs, aux agences régionales de santé et au Samu. Rien dans leur organisation et leur culture ne les prédisposait à gérer des situations de crise. Au lieu d’un commandement unique, « on a confié le rôle de commandant de crise à des conseillers techniques », déplore la FNSP, d’où « un travail en silo des administrations, un brouillage des décisions stratégiques ». Les ARS « ont répondu à ce pour quoi elles avaient été conçues : une administration de gestion comptable et financière du système de santé », mais elles n’étaient « aucunement préparées à la gestion des situations d’urgence ». Pour autant, elles communiquaient peu avec les préfets. Résultats, toujours selon le document des pompiers, « l’oubli des Ehpad, laissant seules les collectivités territoriales face aux décès en nombre de nos aînés », alors que les préfets « ont plus de leviers pour effectuer des réquisitions, notamment auprès des pompes funèbres ». Bref, au-delà des opérations de communication comme les images de transferts de malades d’une région à l’autre, « les évènements ont été administrés plus que gérés, conduisant à privilégier le contrôle sur la prise d’initiatives et de responsabilités des acteurs de terrain ». Quant au 15, il a été rapidement saturé, avec des conséquences délétères sur la prise en charge de patients non Covid en situation d’urgence.

Pour les pompiers, il faut revoir le modèle de gestion de crise, soit en plaçant le ministère de l’Intérieur comme responsable opérationnel, soit en rattachant les services de protection civile au Premier ministre comme en Italie, soit en créant un secrétariat d’État « chargé de la gestion des crises et des situations d’urgence ».A


  

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