Allongement des délais de l’IVG : une polémique qui ne doit pas faire le jeu des sages-femmes

17 Octobre 2020: Allongement des délais de l’IVG : une polémique qui ne doit pas faire le jeu des sages-femmes

Les députés ont adopté en première lecture la proposition de loi du groupe « Écologie, Démocratie, Solidarité », visant à « renforcer le droit à l’avortement ». Son article premier prévoit d’allonger de deux semaines le délai légal pour accéder à l’IVG, le portant de 12 à 14 semaines de grossesse. Le Gouvernement ne s’est pas engagé, s’en remettant à l’avis du Comité consultatif national d’éthique (CCNE). Les députés ont également adopté la suppression de la clause de conscience spécifique en la remplaçant par ce texte : « Un médecin ou une sage-femme qui refuse de pratiquer une interruption volontaire de grossesse doit informer, sans délai, l’intéressée de son refus et lui communiquer immédiatement le nom de praticiens susceptibles de réaliser cette intervention selon les modalités prévues à l’article L 2212-2 ».

Pour Albane Gaillot, la députée qui a porté cette proposition de loi, l’IVG est « un acte comme un autre ». Le Conseil national de l’ordre des médecins a aussitôt réagi par un communiqué où il disait son opposition à la suppression de la clause de conscience spécifique, faisant valoir que ni cette suppression ni l’allongement des délais légaux d’accès à l’IVG « ne permettront de répondre aux difficultés qui peuvent, aujourd’hui encore, se poser à nos concitoyennes souhaitant avoir recours à une IVG ». Il demande au Gouvernement de prendre des engagements forts afin que cet accès soit garanti sur tout le territoire, mais déplore qu’il n’ait toujours pas adopté de position claire sur le sujet. La position de l’Ordre a été contestée par le syndicat national des jeunes médecins généralistes qui y voit une « position rétrograde ». L’avis du CCNE devrait être publié avant le passage du texte au Sénat.

Profitant du projecteur braqué sur cette question, le Conseil national de l’ordre des sages-femmes demande que les sages-femmes soient dotées des compétences « pour réaliser les IVG instrumentales », afin de répondre aux inégalités d’accès actuelles.

Le collège national des gynécologues et obstétriciens français rappelle la complexité du geste chirurgical à 16 semaines d’aménorrhée. Il est rejoint par l’Académie de médecine qui attire l’attention sur la dangerosité du geste pour les femmes. Elle estime que les sages-femmes n’ont pas la compétence requise pour l’effectuer « compte tenu de leur absence actuelle de qualification chirurgicale ».

Pour le SML, une chose est certaine, pas question de laisser les sages-femmes pratiquer des actes chirurgicaux. Elles ne sont pas médecins et encore moins chirurgiens !


  

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