Pour remédier aux inégalités de démographie médicale, il faudrait restreindre la liberté d’installation, voire imposer aux futurs médecins de s’installer dans les zones sous-denses. La recette est connue. Et si on ne l’applique pas, c’est que, toujours selon les journalistes de Cash Investigation, les ministres de la Santé de droite comme de gauche finissent par abdiquer devant les syndicats, et ce à cause du système de la convention médicale dont il est fait, à l’antenne, une caricature simpliste.
Bref, les auteurs de l’émission s’en sont tenus à l’écume des choses. Ils n’ont pas pris la peine d’interroger les futurs médecins et leurs organisations. Il aurait pourtant été intéressant de comprendre quels étaient les freins à l’installation dans certains territoires, et de rappeler aussi la politique erratique de la puissance publique en matière de démographie médicale. Rappelons qu’il fut un temps où l’on incitait les médecins à prendre leur retraite pour mettre fin à ce que l’on appelait « la pléthore médicale ». À l’époque, certains « commentateurs » dénonçaient cette pléthore, cause de dépenses de santé injustifiées… On connaît le résultat : pénurie dix ou quinze ans plus tard.
La même émission dénonce le manque de contrôle des autorisations d’activité en chirurgie cancérologique, pointant 812 établissements de santé publics ou privés qui auraient pratiqué une telle activité sans autorisation, entre 2016 et 2018. Seuls 20 % des établissements auraient eu une activité de chirurgie cancérologique respectant les seuils d’activité recommandés. Les journalistes qui déplorent les déserts médicaux voudraient-ils inciter à la concentration dans les grands centres urbains, ce qui contribuerait à accentuer les difficultés de certains patients à accéder aux soins. La dénonciation est aisée, mais la réflexion est difficile.